samedi 26 mars 2022

Présidentielle 2022 : trois questions qui fâchent sur l’environnement

 https://www.la-croix.com/France/Energie-elevage-transports-Presidentielle-2022-trois-questions-fachent-lenvironnement-2022-03-24-1201206766


Jamais centrale dans la campagne présidentielle, la question environnementale s’invite, avec plus ou mois d’ampleur, dans les programmes. L’énergie, les transports et l’élevage, incontournables pour lutter contre le réchauffement climatique, cristallisent les oppositions entre les candidats.


Après la COP26 de Glasgow et deux nouveaux rapports du Giec, le climat aurait pu émerger au centre des débats pour l’élection présidentielle. Il n’en a rien été. Les associations environnementales fustigent sans cesse la faible place occupée par l’environnement dans la campagne. Et ce alors même que les crises successives du Covid et de l’Ukraine laissent apparaître les risques liés à nos dépendances. Celle aux énergies fossiles, comme aux matériaux et industries stratégiques pour la transition.

→ À LIRE. Le Giec s’alarme des impacts déjà « irréversibles » du changement climatique

Impossible néanmoins pour les candidats d’ignorer tout à fait le sujet, qui trouve donc une place, plus ou moins importante, dans leurs programmes. Car dans tous les cas, le futur président devra faire des choix structurants pour la décennie à venir. Avec, entre autres, la prochaine programmation pluriannuelle de l’énergie et la définition d’une stratégie nationale bas carbone. Ou encore de nombreux dossiers européens à l’instar du « pacte vert », la politique agricole commune et la taxe carbone aux frontières.

→ DÉBAT. Pourquoi reste-t-on sourd aux alertes climatiques ?

Dans ce contexte, La Croix a choisi d’explorer trois questions « qui fâchent » : le nucléaire, les transports et l’élevage. Pourquoi celles-là ? Toutes trois, incontournables pour atteindre la neutralité carbone, cristallisent des fractures politiques. Faut-il construire de nouveaux réacteurs ? Miser sur la sobriété et le renouvelable ? Développer en masse l’électrique ? Mettre fin à l’élevage intensif ? Autant de lignes de clivage qui affleurent, avec, en toile de fond, un consensus : veiller à accompagner les ménages modestes. Depuis la crise des gilets jaunes, la question de la justice sociale est, elle, sur toutes les lèvres.

Faut-il construire de nouveaux réacteurs nucléaires ?

Entre ceux qui misent sur le renouveau du nucléaire et ceux qui veulent s’en détourner définitivement, la bataille politique semble installée. Mais elle cache encore nombre d’incertitudes.

jeudi 24 mars 2022

Lactel, la marque numéro 1 du lait en France, mise sur le local et l’environnement

 https://www.ouest-france.fr/economie/agriculture/lactel-la-marque-numero-1-du-lait-en-france-mise-sur-le-local-et-l-environnement-beaf5cd4-aac2-11ec-8f65-86ac8778a6b3


La marque phare du groupe Lactalis entend asseoir sa position de leader du marché du lait de consommation en France. Elle a annoncé, mercredi 23 mars, sa stratégie de croissance pour 2022.



Lactel, la marque numéro 1 du lait en France (22 % de parts de marché en valeur et 19 % en volume), propriété de Lactalis, a dévoilé ce mercredi 23 mars sa stratégie pour « conforter sa position de leader » Dans un marché national du lait en recul (- 6,3 % en 2021, après un fort rebond en 2020), Lactel a connu une progression de 3,2 %, portant sa production à 400 millions de litres.


La marque mise sur ses produits les plus engagés, détaille Anne Charlès-Pinault, sa directrice générale. Lactel vient ainsi de lancer le lait « Les 20 fermes » (vendu environ 1,03 € la brique). Cette filière qui se veut « à taille humaine » , construite depuis 2017, rassemble vingt exploitations et annonce un « cahier des charges très exigeant » , avec notamment une alimentation sans OGM, 200 jours de pâturage et du lait collecté à moins de 50 km de la laiterie de Vitré (Ille-et-Vilaine), l’une des six laiteries de la marque. L’objectif est clair : séduire les consommateurs « qui sont en attente de transparence et de local » .


Lait entier bio

Autre secteur que Lactel souhaite renforcer : le bio. « C’est une filière sur laquelle nous avons fait un pari il y a trente ans. Elle représente plus de 70 millions de litres vendus par an et douze références. » Dans un contexte de recul des ventes de lait bio en France depuis 2021, Lactel veut surfer sur la tendance d’un segment en croissance : le lait bio entier. « Il est de plus en plus utilisé en cuisine et pour les jeunes enfants », souligne Anne Charlès-Pinault. La marque va également communiquer davantage sur sa gamme « bio et engagé », « et ses exigences plus fortes que le label AB, qui a été trop dévoyé » .


Lactel annonce aussi améliorer la composition de ses emballages. En 2022, elle compte passer de 140 000 à deux millions de bouteilles produites avec une technique innovante de plastique recyclé (R-PEHD), fabriquées dans sa laiterie de Montauban (Tarn-et-Garonne), en partenariat avec le groupe pétrochimique Ineos. Outre l’attente sociétale en matière d’environnement, « les exigences réglementaires vont s’imposer à nous, donc nous accélérons notre transition » .

mardi 22 mars 2022

UKRAINE : LA DESTRUCTION DE L’ENVIRONNEMENT, VICTIME COLLATÉRALE DES GUERRES

https://www.novethic.fr/actualite/environnement/sante-environnementale/isr-rse/ukraine-la-destruction-de-l-environnement-victime-collaterale-des-guerres-150666.html


 Au fil de l'histoire, l'environnement a toujours été une arme de guerre. Si sa destruction volontaire est aujourd'hui interdite, elle est malgré tout une victime collatérale des conflits. Et la guerre en Ukraine n'y échappe pas. Derrière un lourd bilan humain, se cache des pipelines, des mines désaffectées, des industries lourdes dont la dégradation pourrait provoquer une crise environnementale majeure. 



Trois semaines après le début de l’offensive russe en Ukraine, le bilan humain reste encore incertain tant les chiffres sont devenus une arme de guerre. Le président Volodymyr Zelensky affirmait le 15 mars qu’une centaine d’enfants avaient déjà été tués dans des bombardements d’écoles, d’hôpitaux ou d’habitations, ce que le président américain Joe Biden a qualifié de "crimes de guerre". Si des pourparlers sont toujours en cours pour notamment permettre aux civils d’être évacués, au second plan, c’est aussi un scandale environnemental qui pourrait avoir lieu. 

"La destruction de l'environnement en temps de guerre n'est généralement abordée qu'après coup, voire pas du tout", explique à Novethic, le responsable de l’environnement à Amnesty International, Richard Pearshouse. "Mais la guerre en Ukraine se distingue par le fait que le pays regorge de sites dangereux pour l'environnement, tels que des industries lourdes, des raffineries, des pipelines, des mines désaffectées et des centrales nucléaires. Le risque qu'une crise environnementale vienne s'ajouter aux niveaux horribles de la souffrance humaine est extrême". En 2015, la Banque mondiale estimait ainsi que la région du Donbass abritait environ 900 grandes installations industrielles. Centrales à charbon, opérations utilisant des matériaux radioactifs, pipelines de pétrole, de gaz… les sites dangereux sont nombreux. 

Le 4 mars dernier, lorsqu’un incendie s’est déclaré dans un bâtiment de la plus grande centrale d’Europe, celle de Zaporijia, dans le sud-est de l’Ukraine, l’ensemble du continent a craint pour la sûreté et la sécurité nucléaires. Et de fait, c’est la première fois qu’un pays aussi nucléarisé est au cœur d’un conflit aussi important. "Il y a déjà eu des conflits dans des pays possédants des réacteurs nucléaires mais jamais de cette ampleur et ayant autant de réacteurs en fonctionnement", explique Michaël Mangeon, spécialiste de l’histoire du nucléaire et chercheur associé au laboratoire Environnement, ville et société (EVS) de l’Université de Lyon. 

Agent orange, zones irradiées... 

De l’empoisonnement de l’eau des puits à la politique de la terre brûlée, la destruction de l’environnement en période de guerre n’est pas nouvelle mais elle s’est amplifiée au fil du temps. "Un conflit peut durablement transformer les écosystèmes, jusqu’à polluer irrémédiablement les sols, à la façon dont les tranchées de 14-18 ont définitivement modifié les 120 000 hectares de champs de bataille désignés comme 'zone rouge'", décrypte sur Linkedin Edouard Jolly, chercheur en théorie des conflits armés et philosophie de la guerre. "Les conséquences écologiques de la guerre peuvent provoquer des désastres très variés, allant de la pollution à l'agent orange dans les forêts vietnamiennes jusqu'aux zones irradiées dans la durée en raison de la multiplication d'essais nucléaires sur les mêmes sites, comme à Semipalatinsk (Kazakhstan), essais qui nous rappellent que par le passé des centaines de bombes nucléaires ont déjà explosé."

Aujourd’hui, selon le Comité international de la Croix-Rouge (ICRC), il est interdit de porter délibérément atteinte à l’environnement naturel tel que la destruction des ressources naturelles ou l’épandage massif d’herbicides, qui pourrait bouleverser l’équilibre écologique d’une région. "Cependant, la plupart des atteintes portées par les conflits à l’environnement sont des dommages collatéraux", souligne l’ICRC. "Il est difficile de l'imaginer maintenant, mais lorsque les armes se tairont, nous aurons besoin d'une aide pour reconstruire l'Ukraine, et cela passe notamment par une évaluation détaillée des impacts environnementaux de cette guerre et par le nettoyage des sites fortement contaminés", conclut Richard Pearshouse. 

jeudi 17 mars 2022

Japon : 4 morts et une centaine de blessés dans un violent séisme de magnitude 7,4 au large de Fukushima

 https://www.bienpublic.com/environnement/2022/03/16/une-seisme-de-magnitude-7-3-frappe-l-est-du-japon-une-alerte-tsunami-declenchee





L'épicentre de la secousse de magnitude 7,4 était situé au large de la côte du département de Fukushima. Le séisme a provoqué un petit tsunami. Quatre personnes ont été tuées et plus de cent autres blessées.


L'est du Japon a été secoué mercredi soir par un violent séisme de magnitude 7,4 qui a aussi provoqué un petit tsunami sur une grande partie de la côte est.

Jeudi matin, Hirokazu Matsuno, porte-parole du gouvernement, a fait état de quatre morts et 107 blessés, sans que l'on sache pour le moment dans quelles circonstances.




Des fissures sur les autoroutes

Le tremblement de terre a fait dérailler un train, sans faire de victimes, ouvert des fissures sur des autoroutes et renversé des étalages dans des magasins. Mais les dégâts ont semblé relativement mineurs par rapport à la puissance du séisme qui a affecté principalement les départements de Fukushima et Miyagi, dans le nord-est du Japon.


Selon l'Agence météorologique japonaise, l'hypocentre de la secousse survenue à 23h36 (15h36 en France) se trouvait à 60 km de profondeur sous l'océan Pacifique au large du département de Fukushima, où une centrale nucléaire avait été ravagée par un tsunami en 2011.

Cette agence avait émis dans la foulée un avertissement pour des vagues d'un mètre de hauteur. Des vagues de 30 cm ont finalement été mesurées à Ishinomaki, dans le département de Miyagi, au nord de celui de Fukushima, selon la JMA qui a appelé les habitants à rester à distance du front de mer. L'avertissement au tsunami a été levé jeudi matin. 


Une secousse extrêmement violente

« La police et les services de secours ont été submergés d'appels à Fukushima et Miyagi », a déclaré le porte-parole du gouvernement Hirokazu Matsuno. La secousse a été « extrêmement violente », selon un membre des secours de la ville d'Ishinomaki, qui s'est souvenu du tremblement de terre de 2011 aussitôt.

Les autorités vérifiaient encore l'étendue des dégâts, a-t-il ajouté, invitant la population à rester vigilante au cours des prochains jours en prévision de possibles fortes répliques. De petites répliques ont été enregistrées tout au long de la nuit. Des consignes d'évacuation vers des refuges ont été diffusées dans certaines localités. « Suivez s'il vous plaît les informations concernant le séisme, restez à l'écart de la côte et prenez des mesures pour vous protéger », a aussi recommandé le Premier ministre japonais Fumio Kishida.

Pas d'anomalie à la centrale de Fukushima

Aucune anomalie n'a été détectée à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, sévèrement endommagée par un gigantesque tsunami provoqué par un séisme de magnitude 9, le 11 mars 2011, selon l'Agence japonaise de sûreté nucléaire (NRA). Sur l'autre centrale nucléaire du département, Fukushima Daini, également arrêtée depuis 2011, ainsi que dans la centrale d'Onagawa (département de Miyagi), des pompes pour des piscines de refroidissement du combustible usagé ont brièvement cessé de fonctionner mais elles ont rapidement été remises en état de marche, a précisé ultérieurement la NRA.

Le tremblement de terre, longuement et fortement ressenti y compris à Tokyo, a initialement privé d'électricité plus de deux millions de foyers dans le Kanto, la grande région englobant la capitale et ses départements voisins, selon l'opérateur Tokyo Electric Power (Tepco), mais le courant a été totalement rétabli dans cette zone quelques heures plus tard. Quelque 4 000 foyers étaient en revanche toujours privés d'électricité dans le nord-est jeudi midi, selon la compagnie.


Un train à grande vitesse a déraillé

La compagnie ferroviaire JR East a signalé des perturbations significatives sur son réseau. Un shinkansen, le train à grande vitesse japonais, a notamment déraillé au nord de la ville de Fukushima, d'après JR East, qui n'a pas fait état de blessés. Et dans la ville de Sendai (nord-est), une muraille du château historique d'Aoba s'est écroulée, selon des images de la télévision japonaise.

Le Japon, toujours hanté par le 11 mars 2011, avait observé une minute de silence vendredi dernier en mémoire de cette catastrophe majeure. Le désastre avait fait plus de 18 500 morts et disparus - essentiellement à cause du tsunami - et forcé plus de 165 000 personnes du département de Fukushima à évacuer leurs foyers à cause des émissions radioactives de la centrale nucléaire endommagée, où les coeurs de trois réacteurs avaient fondu. Les autorités locales recensent encore aujourd'hui 33 365 personnes déplacées, dont 80% vivent hors du département de Fukushima.

Situé au carrefour de plusieurs grandes plaques tectoniques, le Japon est régulièrement touché par des tremblements de terre et a de strictes normes de construction pour que ses bâtiments soient capables de résister à de fortes secousses.









mercredi 16 mars 2022

Séquencer l’ADN de l’environnement : une technique qui fait sa révolution

 https://www.lemonde.fr/sciences/article/2022/03/15/sequencer-l-adn-de-l-environnement-une-technique-qui-fait-sa-revolution_6117518_1650684.html


Permettant de suivre des espèces à partir des traces génétiques laissées dans leur sillage, l’ADN environnemental connaît un engouement sans précédent. Développée dans les années 2000, la technique s’ouvre aujourd’hui à de nouveaux champs d’application.



Une révolution dans l’air. En janvier, deux équipes indépendantes annonçaient avoir réussi à capter et séquencer de l’ADN présent dans l’atmosphère. En aspirant et filtrant l’air au beau milieu de deux parcs zoologiques européens, chaque équipe de recherche a identifié des traces ADN caractéristiques de dizaines d’espèces de mammifères, oiseaux ou reptiles desdits parcs. Cette prouesse, reproduite en milieu naturel et décrite dans une autre publication parue vendredi 11 mars, n’est que le dernier tour de force d’une jeune technique moléculaire qui ne cesse de repousser ses limites : l’ADN environnemental, ou ADNe.

Recenser tous les poissons, plantes et insectes d’un lac à partir de quelques litres d’eau, retracer la migration d’un papillon en récupérant sur son corps l’ADN des plantes qu’il a butinées, identifier les grenouilles d’une zone en séquençant les insectes qui les ont piquées… Ces études aux allures de tour de magie se comptent désormais par dizaines tous les mois, élargissant toujours plus le champ d’application de cet ADN environnemental, bien au-delà du simple outil de détection d’espèces qu’il était encore il y a quelques années.

« Les méthodes d’analyses sont complexes à maîtriser, mais le tout repose sur un principe très simple : les espèces vivantes laissent derrière elles des fragments d’ADN à travers les déjections, les poils, les écailles, la salive, l’urine… Ces fragments, que l’on extrait d’un échantillon de terre ou d’eau par exemple, constituent ce que l’on appelle l’ADNe », résume Pierre Taberlet, directeur de recherche émérite au CNRS.

lundi 14 mars 2022

Les NFT prolifèrent, malgré leur impact catastrophique pour l'environnement

 https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/art-contemporain/les-nft-proliferent-malgre-leur-impact-catastrophique-pour-l-environnement_5007331.html


À l'image d'un nombre croissant d'artistes, l'artiste visuel sud-africain vonMash n'a pas résisté à la tentation des NFT qui lui ouvrent la voie à des revenus que ne permet pas le marché traditionnel de l'art. Dans le même temps, inquiet de leur impact écologique, il recherche des solutions moins polluantes pour placer ses œuvres numériques.

L'art numérique n'est pas une nouveauté pour vonMash, qui présente ses créations "afro-déliques" mêlant peinture, vidéo et son. Mais lorsque le Sud-Africain a commencé à envisager de vendre ses œuvres sous forme de crypto-art sur une blockchain, il a hésité. "Je n'y suis pas complètement favorable, en raison de la consommation d'énergie que cela nécessite", reconnaît l'artiste visuel.

La vente d'œuvres d'art sous forme de NFT (jetons non fongibles, en français) utilise la même technologie que les crypto-monnaies comme le bitcoin. L'acheteur reçoit un jeton numérique vérifié, prouvant que l'œuvre est un original. L'aubaine pour les artistes est que si leur œuvre prend de la valeur et est revendue, ils reçoivent un pourcentage de chaque future vente. "Si quelqu'un d'autre achète mon NFT, je reçois automatiquement une part de cette somme", explique vonMash, dans son atelier du nord de Johannesburg. Alors que dans le marché traditionnel de l'art, si un acheteur paie cent dollars puis "revend l'œuvre à 100 000, je ne toucherai pas un centime" de cette plus-value.

Les authentifications nécessitent des dépôts entiers d'ordinateurs

Ce qui inquiète vonMash comme d'autres artistes, c'est la manière dont ces jetons numériques sont vérifiés. La propriété de l'œuvre d'art est authentifiée par des énigmes mathématiques si complexes que les calculs nécessitent des entrepôts entiers d'ordinateurs. Les sociétés qui résolvent ces énigmes sont récompensées par de nouveaux jetons, et leurs solutions ajoutent un "bloc" à la chaîne d'authentification. Ces calculs consomment de grandes quantités d'énergie, souvent produites par des centrales électriques au charbon.

La plupart des NFT sont actuellement échangés sur une plateforme appelée Ethereum. L'organisme de surveillance des technologies Digiconomist estime qu'Ethereum utilise autant d'électricité que l'ensemble des Pays-Bas, avec une empreinte carbone comparable à celle de Singapour...

Des groupes de K-pop tentés par les NFT font marche arrière

"L'énergie qu'il faut pour la preuve d'authentification de l'œuvre d'art, c'est une folie", souligne vonMash. Ces préoccupations climatiques suscitent des critiques acerbes contre les NFT. En Corée du Sud, des fans de K-pop ont lancé l'an dernier une campagne vigoureuse contre les projets de groupes connus comme BTS et ACE. "Essentiellement, les NFT sont un système pyramidal géant qui détruit l'environnement", assure un commentaire largement retweeté de @ChoicewithACE, typique des messages qui ont incité le groupe à annuler son offre. Le label musical de BTS, Hybe, a reporté leur lancement, à la recherche d'alternatives plus écologiques.

En Afrique du Sud, la préoccupation de l'environnement va de soi pour beaucoup d'artistes. Le collectif The Tree a créé une plateforme permettant aux artistes de vendre des NFT, puis de collaborer avec une organisation du Cap appelée Greenpop qui plante des arbres pour compenser le carbone émis. Fhatuwani Mukheli affirme que ce système l'a encouragé à vendre deux de ses NFT. "Le monde évolue constamment", dit l'artiste dans son loft du centre bouillonnant de Johannesburg. "Si je m'en tiens à ce que je connais, le bus va partir sans moi."

Contourner la plateforme Ethereum pour chercher un dispositif moins polluant

Pour vonMash, la solution consiste à contourner Ethereum pour placer ses œuvres sur une plateforme appelée Cardano, utilisant un système d'authentification différent. Plutôt que résoudre des énigmes toujours plus difficiles - en consommant de l'électricité - les sociétés peuvent simplement donner les jetons qu'elles possèdent déjà. En fait, elles utilisent leur argent sous forme de crypto-monnaie pour garantir l'authenticité d'une œuvre d'art numérique. Si quelqu'un essaie de manipuler le système ou commet simplement une erreur, il peut perdre sa participation financière au réseau.

La technologie sous-jacente peut être déroutante, mais la consultante en impact social Candida Haynes affirme que "pour la faire courte, il existe des NFT avec des options moins dangereuses pour l'environnement". "En fin de compte, les développeurs de blockchains doivent aussi s'engager dans la durabilité. Et se préoccuper de tenir informés à ce sujet des gens moins geek, artistes compris", dit-elle.





jeudi 3 mars 2022

Hydrogène : une méthode inédite et propre décuple sa production à partir de l’eau

 https://trustmyscience.com/hydrogene-aluminium-gallium-recycle-eau-energie-propre-illimitee/


L’hydrogène constitue une vraie piste d’avenir pour la transition énergétique, en permettant le développement des énergies renouvelables décentralisées. C’est un vecteur d’énergie clé, servant à transporter de l’énergie produite par une source primaire (solaire, éolien) jusqu’aux usagers. Pendant des années, les chercheurs ont essayé de trouver des moyens efficaces et rentables d’utiliser la réactivité de l’aluminium pour générer de l’hydrogène propre. Récemment, des chimistes de l’UCSC ont développé une méthode simple, rentable et efficace pour le produire, en utilisant du gallium, des nanoparticules d’aluminium et de l’eau.


L’hydrogène est l’élément chimique le plus simple : son noyau se compose d’un unique proton et son atome ne compte qu’un électron. La molécule de dihydrogène (H2) est constituée de deux atomes d’hydrogène. On parle donc communément d’hydrogène pour désigner en fait le dihydrogène. Il est également l’élément chimique le plus abondant dans l’univers, mais pas à l’état pur. Il est toujours lié à d’autres éléments chimiques, dans des molécules comme l’eau (H2O) ou les hydrocarbures.

Potentiellement inépuisable, non-émetteur de gaz à effet de serre, acteur de la combustion et facile à transporter, l’énergie hydrogène est considérée comme la « source d’énergie » propre idéale. Or, l’hydrogène n’est pas une source d’énergie mais un « vecteur énergétique » : il doit être produit puis stocké avant d’être utilisé. Il pourrait jouer à l’avenir un rôle essentiel dans la transition énergétique en permettant de réguler la production d’électricité générée par les énergies renouvelables intermittentes (solaire et éolien).

Les stratégies mondiales industrialisées de génération d’H2 se concentrent principalement sur la génération d’hydrogène à partir de combustibles fossiles, la synthèse de bio-hydrogène et la génération d’hydrogène photo-catalytique, bien que ces techniques ne soient pas toujours respectueuses de l’environnement. L’avancement des techniques électrochimiques de génération d’hydrogène est essentiel pour résoudre les problèmes de durabilité et d’énergie. Parmi les différentes manières de produire de l’hydrogène, l’électrolyse de l’eau est une approche facile et écologique, utilisée depuis plus de deux siècles. Il s’agit de séparer la molécule d’eau en ses deux éléments (hydrogène et oxygène) à l’aide d’un courant électrique.


Une réaction bien connue

La réaction de l’aluminium et du gallium avec l’eau est connue depuis les années 1970. L’aluminium est un métal très réactif, capable d’arracher l’oxygène des molécules d’eau pour générer de l’hydrogène. Son utilisation, notamment pour contenir des produits de type liquides — comme les canettes, ne présente aucun danger, car l’aluminium réagit instantanément avec l’air pour former une couche d’oxyde d’aluminium. Ce bouclier empêche toute réaction ultérieure. Le gallium est un élément chimique de la famille des métaux pauvres, présentant la plage d’état liquide (c’est-à-dire la différence entre point de fusion et point d’ébullition) la plus importante de tous les éléments. En effet, sa température de fusion est de 29,76 degrés Celsius, ce qui le fait presque instantanément fondre dans la main. Il est principalement utilisé en alliage avec l’arsenic dans l’arséniure de gallium GaAs, un semi-conducteur très utilisé en optoélectronique. Cet élément permet également d’obtenir des images de sites d’inflammation par scintigraphie, en imagerie médicale. Dans le cas présent, c’est son interaction avec l’aluminium qui nous intéresse. Il permet d’éliminer le revêtement passif d’oxyde d’aluminium de ce dernier, le mettant en contact direct avec l’eau.

Un des auteurs de l’article, B. Singaram, a déclaré que l’idée est née d’une conversation qu’il a eu avec un étudiant, le co-auteur Isai Lopez. Ce dernier avait vu des vidéos sur l’interaction galium-aluminium-eau et commencé à expérimenter la génération d’hydrogène dans sa cuisine. B. Singaram explique dans un communiqué « Il ne le faisait pas de manière scientifique, alors je l’ai mis en contact avec un étudiant diplômé pour faire une étude systématique. J’ai pensé que cela ferait une bonne thèse pour lui de mesurer la production d’hydrogène à partir de différents rapports de gallium et d’aluminium ». L’étude est désormais publiée dans la revue Applied Nano Materials.


Une nouvelle voie verte

Cette recherche apporte des innovations technologiques faisant l’objet d’une demande de brevet actuellement. En effet, les études précédentes avaient principalement utilisé des mélanges d’aluminium et de gallium riches en aluminium, ou dans certains cas des alliages plus complexes, mais jamais des alliages riches en gallium.


En testant plusieurs types de compositions d’alliages, contenant plus ou moins de gallium par rapport à l’aluminium, l’équipe de recherche s’est rendu compte que les taux de production d’hydrogène étaient étonnamment élevés. Le plus grand rendement provenait d’un composite gallium-aluminium (Ga – Al) 3:1. Ces observations ont conduit les chercheurs à s’interroger sur les caractéristiques fondamentales, et obligatoirement différentes, de cet alliage riche en gallium.

graphe rendement hydrogene gallium aluminium recycle
Rendements en hydrogène des différents composites, en fonction (à droite) du rapport gallium-aluminium, et (à gauche) du type de matériaux utilisés, dont de l’aluminium recyclé. Les cadres rouges mettent en évidence les rendements les plus élevés. © G. Amberchan et al., 2022 (modifié par Laurie Henry pour Trust My Science)

Scott Oliver, professeur de chimie à l’UCSC et co-auteur de l’étude, a suggéré que la formation de nanoparticules d’aluminium pourrait expliquer l’augmentation de la production d’hydrogène. Son laboratoire disposait de l’équipement nécessaire à la caractérisation à l’échelle nanométrique de l’alliage. Cette analyse du composite Ga – Al par microscopie électronique à balayage et par spectroscopie de rayons X à dispersion d’énergie et diffraction des rayons X sur poudre, montre que le gallium agit à deux niveaux : il dissout le revêtement d’oxyde d’aluminium et sépare l’aluminium en nanoparticules. Singaram précise que « le gallium les empêche de s’agréger en particules plus grosses ».


nanoparticules aluminium gallium hydrogene
La microscopie électronique à balayage du composite montre des nanoparticules d’aluminium dans une matrice de gallium. © G. Amberchan et al., 2022

Le gallium reste intact et a été facilement récupéré pour être réutilisé après la réaction. Ceci donne 90% de l’hydrogène pouvant, théoriquement, être produit à partir de la dégradation de tout l’aluminium dans le composite. S. Oliver a déclaré : « Nous n’avons besoin d’aucun apport d’énergie, et l’hydrogène bouillonne. Je n’ai jamais rien vu de tel ». Le gallium pourrait donc être collecté et réutilisé indéfiniment. Enfin, le composite peut être stocké pendant au moins 3 mois, en le recouvrant de cyclohexane pour le protéger de l’humidité.

Outre l’intérêt majeur en matière de quantité d’hydrogène produite, un second point positif apparait : n’importe quel type d’aluminium et d’eau peuvent être utilisés. Effectivement, la synthèse du composite Ga-Al se produit sans avoir besoin d’une atmosphère inerte ou d’une aide mécanique. L’aluminium commercial peut être utilisé, y compris le papier d’aluminium usagé, généralement jeté. Toute source d’eau disponible peut être utilisée, comprenant les eaux usées, les boissons commerciales ou même l’eau de mer, sans génération de chlore gazeux, comme le confirme la chromatographie en phase gazeuse-spectrométrie de masse.


Il ne reste plus qu’à attendre l’approbation du brevet, puis la mise en œuvre sur le marché industriel de cette procédure, notamment pour les batteries à hydrogène. L’hydrogène soutiendra également les énergies solaires et éoliennes, en tant que vecteur d’énergie. En effet, les énergies renouvelables sont une solution efficace aux enjeux énergétiques et écologiques d’aujourd’hui, mais leur intermittence peut parfois compliquer la gestion de leur distribution.


L’idée ici est donc d’utiliser l’électricité produite en éolien ou solaire pour générer de l’hydrogène propre qui, lui, peut être stocké très facilement et durablement. Ce dernier peut être injecté dans le réseau de gaz naturel, fournir de la chaleur dans les villes, être reconverti en électricité grâce à des piles à combustible. Il permet ainsi de procurer aux consommateurs une énergie issue des filières renouvelables à toute période de l’année et en particulier lors des pics de consommation.

Toutes ces caractéristiques rendent cette découverte particulièrement pertinente et innovante, dans un monde énergétique devant se réinventer au plus vite face au défi climatique. Le dernier rapport du GIEC, plus alarmant que les précédents, sous-tend ces initiatives liant énergies renouvelables et décarbonées avec la réutilisation raisonnée des déchets que nous produisons.